La patience du baobab


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Un cadeau du Sénégal

Il y a six mois d’ici, une amie qui revenait du Sénégal a ramené un petit Baobab pour qu’on en prenne soin dans le Centre. Elle sait que j’aime les plantes dans le Centre. C’est une espèce de tige nue dans un pot de terre. 

Lorsque je l’ai reçu, j’étais heureux. Je l’ai arrosé, pas trop, et je l’ai placé près d'une fenêtre, espérant qu’il grandisse rapidement. 

J’ai attendu un bon mois et rien ne s’est produit. Je l’ai sorti de terre, j’ai regardé s’il avait des racines. Je n’en ai pas vues. Je l’ai remis dans la terre et j’ai attendu.


Un attrape touriste?!

Durant tout ce temps, j’ai commencé à me dire qu'on m'avait offert un attrape touriste! J’en ai reparlé avec l’élève qui me l’avait offert et nous étions d’accord sur ce point. 

Mais bon, sans y croire, j’ai continué à y penser. Je me suis dit qu’il devait être sec et qu’il n’avait pas été arrosé pendant longtemps. Je me disais aussi : dans cet endroit magnifique et lumineux qu’est ce centre, il doit vivre. Persévérant, j’ai donc bricolé un système avec une pince pour que le base de la tige soit dans un verre d’eau et le haut de la tige à l’air libre. Je pensais bien que ça valait la peine. 

Il est resté dans le verre d'eau 6 semaines durant. Deux fois par semaine, je vérifiais comment ça se passait. Et je n’ai rien vu. Après 6 semaines, j’ai tenté une dernière chose : je l’ai remis dans la terre et dans son pot d’origine que j’ai continué à arroser une fois par semaine.


Direction la poubelle

Quelques semaines plus tard, toujours rien! A ce moment-là, cela faisait environ 6 mois que je l’avais reçu. Je le sors de la terre pour le mettre à la poubelle en me disant "c’est ok, ça arrive". 

Et, c’est à ce moment-là que je vois... une minuscule racine! Quand je dis minuscule, elle était vraiment minuscule. Je décide alors de le remettre une dernière fois dans la terre. 

Petit miracle, quelques semaines plus tard : une petite feuille avait poussé sur le haut de la tige. Au moment où je vous parle, il y en a 3. Le Baobab est bien vivant, et il commence à grandir.


L'ignorance de nos potentiels 

Pourquoi je vous raconte cela ? Parce que sur notre chemin spirituel et de transformation, nous ne savons pas encore quels sont nos potentiels. Il faut beaucoup, beaucoup de pratique pour pouvoir sentir quelque chose de différent en soi ou voir apparaître un de nos potentiels. 

 Un des soucis que l’on rencontre souvent est que nous ne savons pas vraiment si nos qualités sont vraiment les nôtres. Je m’explique.

Nous pouvons être formés et entraînés à faire de la comptabilité, développer des programmes informatiques ou autre,  depuis longtemps. Nous savons le faire car nous avons été conditionnés à le faire. Dans quelle mesure ce potentiel nous appartient vraiment et dans quelle mesure est-il le fruit de ce que les autres ont mis en nous ? 


Burn-out et perte de sens

La question est d’autant plus valide quand nous observons le nombre de burn-out des personnes entre 35 et 50 ans. Toutes ces personnes ont un travail, elles sont compétentes. Mais l’activité qu’elle fournissent les empêche de trouver du sens à ce qu’elles font. 
Vers l'âge de 35 ans, elles commencent à se rendre compte qu’il y a autre chose dans la vie. Nous commençons à mieux nous comprendre. 

Débute alors au moment du burn-out une grande introspection :
Que puis-je faire ? 
Qu’est-ce que je souhaite pour ma vie ?
Qu’est-ce qui me donne du sens ? 

Nos potentiels sont des activités qui donnent du sens à notre vie. Nous aimons les faire et c’est pour cela que ce sont des potentiels. 

Comme dans le cas de notre baobab, il ne suffit pas de regarder une fois pour y voir clair. 


Nourrir ses potentiels et... attendre! 

Il faut fréquenter nos potentiels, les nourrir, les mettre dans le bon environnement et attendre. A un moment qui peut paraître une éternité pour la personne qui attend, une racine apparaît, une fleur, puis une feuille. C’est un moment d’espoir et de joie. 

Parfois les personnes en burn-out continuent leur métier original mais travaillent leur potentiel en dehors des heures de travail. Parfois, le changement est plus important et elles transforment leur passion en activité principale. 

Il y a, aujourd’hui, beaucoup d’exemples de personnes ayant fait de grandes écoles, de longues études et travaillant dans des grandes villes qui se reconvertissent dans un boulot manuel dans les campagnes. 


Le Yoga est un excellent outil pour nous aider à développer nos potentiels. En effet, le travail personnel qu’il entame nous oblige à fréquenter notre intériorité. Et l’énergie qu’il déploie nourrit nos potentiels résidant dans notre inconscient. 

C’est pour cela que les pratiquants de Yoga changent souvent quelque chose dans leur vie, tôt ou tard, en cherchant une plus grande harmonie à l’intérieur d’eux. 


Cette métaphore est importante. Une pratique de Yoga fonctionne souvent d’une manière inconsciente, nourrissant notre potentiel intérieur, sans que l’on puisse consciemment en voir les changements. 

Puis, un jour, nous voyons poindre une première feuille de notre potentiel. Et nous savons que nous sommes sur le chemin de l’authenticité...

Namaste, 


Philip RIGO


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